𝑻𝑯𝑬 𝑩𝑳𝑨𝑪𝑲𝑾𝑶𝑶𝑫 𝑺𝒀𝑵𝑫𝑰𝑪𝑨𝑻𝑬

2.

                                  ♧

Alison

Nous étions à l'aéroport, debout devant le comptoir d'enregistrement, entourés de voyageurs pressés qui semblaient tous avoir une vie bien plus excitante que la nôtre. À côté de nous, le tableau des départs annonçait "Moscou 10h15". En gros, c'était notre vol vers l'internat. Mais je n'étais pas sûre que le terme "vol" puisse être utilisé sans sarcasme dans ce contexte.

Kenny, tout en tapotant nerveusement son pied sur le sol, nous observait d'un œil perçant. Il portait toujours cette chemise hawaïenne, mais maintenant, avec la tension palpable dans l'air, elle semblait plus "touriste perdu" que "vacances sous les tropiques".

- Vous avez intérêt à bien vous comporter, dit-il d'un ton grave, comme si cette phrase allait soudainement nous transformer en modèles de vertu.

Kai ne prit même pas la peine de lever les yeux de son téléphone.

- Ouais, ouais, on a compris. Pas de bagarres, pas de renvois, et pas de destruction massive... sauf si c'est vraiment nécessaire, ajouta-t-il avec un sourire en coin.

Je pouffai de rire, mais Kenny, lui, était implacable.

- Non, sérieusement. Vous allez être dans un internat avec des règles strictes, des profs qui ne rigolent pas, et une réputation à tenir. Vous n'êtes plus dans le coin où vous pouvez jouer les petits rebelles. Si vous vous faites renvoyer de là, je vous jure que je vous emmène en camping sans tente, sans feu, sans rien. Vous allez connaître la vraie survie.

Je lui fis un clin d'œil.

- Ah, un peu d'aventure, hein ? Tu sais, tu pourrais proposer ça comme activité dans l'internat. "Survie avec Kenny : la version extrême".

Il me lança un regard, puis secoua la tête.

- Ce n'est pas une blague, Alison. L'internat, c'est la dernière chance. Vous faites des conneries là, et je vous laisse vous débrouiller. Vous allez voir ce que c'est que de vivre dans un véritable enfer administratif.

Kai leva enfin les yeux de son écran.

- Ouais, ouais, pas de souci. T'inquiète. Pas de crimes majeurs à commettre cette fois-ci. Mais si jamais ils nous empêchent de manger des snacks à minuit... là, ça risque de dégénérer.

Kenny roula des yeux.

- Sérieusement, vous me stressez déjà. Si je reçois encore une lettre de renvoi, je vous jure que je vous inscris à une école de moines. Vous verrez ce que c'est, la discipline !

Je fis mine de m'inquiéter.

- Oh non, pas les moines. Tu sais qu'ils ont un rythme de vie super strict ? Pas de place pour notre charme et notre spontanéité.

Kenny grogna.

- Juste... comportez-vous bien. Vous n'êtes plus les petites terreurs du lycée. Ce qui se passe à l'internat, reste à l'internat, et j'espère que vous allez comprendre ça avant que je ne devienne complètement fou.

- Promis, tonton. Pas de bagarres, pas de renvois. On sera des élèves modèles.

Il nous lança un dernier regard.

- Vous avez dix minutes pour embarquer. Je vous conseille de partir avant que je perde patience. 

Je lui souris, en prenant mon sac.

_ Allez, dépêchez-vous ! Vous êtes déjà des légendes, pas besoin de le confirmer là-bas.

Nous nous dirigeâmes vers la porte d'embarquement sous le regard vigilant de Kenny. Cette fois, c'était différent. On allait affronter l'internat, un nouveau défi. Mais avec une promesse silencieuse dans l'air : on allait sûrement mettre le feu à cet endroit... mais dans la bonne direction.